En 2001 paraissait Putain, longue psalmodie rageuse dans laquelle une jeune inconnue, moins romancière que poète, se battait à poings nus contre certaines de nos malédictions : la dictature planétaire de l'image, " la plus vieille histoire des femmes, celle de l'examen de leur corps ". Putain n'était ni un témoignage ni une fiction, c'était une danse de guerre - et une étourdissante prouesse littéraire.
Cependant, jetée devant les caméras, l'auteure s'y révélait aussi embarrassée que ses personnages. Malaise et malentendu : une guerrière, oui, mais dépourvue d'armure. Le 24 septembre 2009, quelques heures avant un passage à la télévision, Nelly Arcan se donnait la mort dans son appartement de Montréal. À dix ans de distance, il était indispensable de rééditer ce livre " scandaleusement intime ".
Une des voix les plus singulières et les plus radicales d'outre-Atlantique. Nelly Arcan, de son vrai nom Isabelle Fortier, est née au Québec, …
En 2001 paraissait Putain, longue psalmodie rageuse dans laquelle une jeune inconnue, moins romancière que poète, se battait à poings nus contre certaines de nos malédictions : la dictature planétaire de l'image, " la plus vieille histoire des femmes, celle de l'examen de leur corps ". Putain n'était ni un témoignage ni une fiction, c'était une danse de guerre - et une étourdissante prouesse littéraire.
Cependant, jetée devant les caméras, l'auteure s'y révélait aussi embarrassée que ses personnages. Malaise et malentendu : une guerrière, oui, mais dépourvue d'armure. Le 24 septembre 2009, quelques heures avant un passage à la télévision, Nelly Arcan se donnait la mort dans son appartement de Montréal. À dix ans de distance, il était indispensable de rééditer ce livre " scandaleusement intime ".
Une des voix les plus singulières et les plus radicales d'outre-Atlantique. Nelly Arcan, de son vrai nom Isabelle Fortier, est née au Québec, à la lisière des États-Unis. Le passage de la province à la grande ville, vers 18 ans, est vécu par elle comme un traumatisme. Tout en s'inscrivant à l'université, elle devient escort-girl. Elle publiera trois livres en huit ans, avant son suicide : Putain (2001), Folle (2004) et À ciel ouvert (2007), auxquels s'ajoutera un volume de textes posthumes, Burqa de chair (2010).
À la lecture de ce livre j'ai ressenti les mêmes émotions que celles que j'éprouvais à mes premières lectures de Virginie Despente. Des mots écrits avec les tripes, un flot ininterrompu avec la sensation de nager en apnée. Les mots sont crus, sans emphase, nous y expérimentons le dialogue intérieur d'une femme tourmentée. Lire Nelly Arcan c'est entrer dans sa chambre d'hôtel et, sans voyeurisme, se confronter à une réalité dont on détourne trop fréquemment les yeux.